Féministe.

Tomates

Attache ta tuck avec ta broche, chérie l’hiver va être tough st’année...
15h.
C’est vraiment hard. Je tourne en rond, je me suis habillée, j’ai même mes chaussures aux pieds depuis 1h. Et les tomates me font de l’œil. J’ai toujours adoré manger. J’me suis dit, bon, si c’est la vaisselle le problème, je vais aller chercher quelque chose à la boulangerie ça me fera du bien. J’ai écrit dans mon journal papier parce que ça commence à être trop ici. Et je suis toujours pas sortie. Heureusement y’a une putain de boîte de thon. Toutes ces boîtes de conserve elles sont là parce que je savais que ça allait arriver tout ça. Je savais. Et je me suis demandée pourquoi je faisais ça, pourquoi je ne mange pas ? Je crois que je veux être malade et pas aller au travail. Je crois qu’il faut définitivement changer de taf. Parce que ça fait 5 jours qu’il y a du soleil, et franchement ça me donne pas plus envie d’y aller.

Mon grand-père a dit que ma mère était trop exigeante envers moi.
Il a ptet touché un truc.
Maman y’a rien de ta faute, tu fais de ton mieux, tes parents ont fait des erreurs aussi. Et j’en ferai à mon tour. Je sais que tu fais ça parce que tu veux le meilleur pour moi, ou ptet que c’est même de l’égo, je suis ta fille, ta bataille. Mais maman j’en peux plus. J’fais n’importe quoi pour compenser un 15 de moyenne. J’en peux plus. J’veux pas être journaliste comme ça. J’veux pas être prof même si je me vois teeeellement devant des gosses, à essayer de leur transmettre un max de trucs, à leur transmettre juste par un sourire tout l’amour du monde, pour qu’ils aient un souvenir qui leur donnera confiance en eux face à ce monde terrifiant. Mais tu vois maman, si c’est ça qui m’anime, c’est que je suis pas prête. Il faut que je réapprenne à me sourire à moi. Pour avoir un souvenir qui me donnera confiance en moi face à un monde terrifiant. Contractuelle, j’passerai mon temps à faire de la prévention. Ca me sortira pas de moi-même. Il faut que je sorte de ma tête. Promis je sors dans 1h max. Promis promis.

Ca a commencé parce que j’ai eu mamie du côté de maman au téléphone hier - "relation toxique mamie" - "y’a que toi qui peux t’en sortir", elle m’a dit. Genre les cartes sont dans tes mains, et on est là, on te soutient, on t’aime.
Ce matin elle a partagé sur Facebook The Words - The Christians. Mais genre la recherche google avec les paroles. J’ai lu, j’ai éclaté en sanglot. Comment il a pu me faire autant de mal ? Oui c’est bon on a compris, tu quittes ton ex. 2x on m’a dit "mais il est génial ton mec, c’est un vrai gentils". Je sais, c’est ça que j’aimais aussi chez lui. Sa gentillesse. Connard.
Du coup, je l’ai bloqué, en sanglotant en écoutant la chanson que ma mamie a partagé sur fb. On est dans le turfu les gars ça y est.

God bless my family.

15h15 fais un vœu.

T’sais que la vie est parsemée de petites misères. Faut pas t’en faire…

Il était temps qu’elles sortent les larmes.

On a chacun nos mécanismes de défense, qui sont aussi par moments nos faiblesses, mais je ne renoncerai pas à mes émotions. Tant pis si j’ai un putain d’arrêt, à la fin y’a que moi, je m’écoute. J’essaie de voir un peu au fond de moi. Je sais que je fais une crise existentielle. Je sais. Putain de drogue de merde j’me demande si ça aurait été comme ça si j’avais pas autant tapé. Bien sur que non ça aurait pas été comme ça. Ca aurait pas été comme ça si j’avais pas fait le choix l’été 2020 de passer tout mon temps avec O. J’les ai vu insister et dire "non tkt c’est tranquille" quand une gamine voulait prendre de la coke, quelques mois après moi. J’me suis dit ptn c’était comme ça aussi avec moi. Moi je disais : "non, regarde moi, ça va pas du tout, n’en prends pas." Sauf qu’on sait tous à ce moment-là qu’elle va en prendre, voire, c’est pour ça qu’elle est là. Se brûler les ailes. "Partage pas ta paille". Force les copines. J’disais que je me sentais pu prise au piège. Mais si un peu. A Paris j’suis trop stressée. Par chez moi, y’a O. Il reste Lille. Mais toutes ces démarches… J’aurai dû les prendre ces putains de 2 semaines. Ce soir il faudrait que je prenne une décision. Si je continue ou si j’arrête. Il me faut du temps. Je peux arrêter l’alternance sans payer l’école à partir de mars. Il faut que je tienne jusque mars. Il faut que j’en parle à mes chefs, il faut que je communique. J’suis dégoutée parce que je sais qu’un jour j’vais vouloir revenir à Paris, finir ce que j’ai commencé. Mais c’était pas le bon moment. En tout cas, ça l’est ptet, mais je le vois pas comme ça. J’pleure, c’est tout. Et heureusement qu’il y a une boîte de thon et des Ricolas.

Bon. J’vais l’écrire comme ça c’est fait. Trigger warning violences sexuelles, ptet c’est aussi pour ça que je mange pas : y’a quelques semaines, je recouchais avec Oliv. Genre, je crois quand je suis revenue, la première fois. On ne se parlait plus depuis plus d’un mois. Il a liké 2x mes posts sur insta. J’l’ui ai dit vasy arrête avec ça on parle. On parle. On se voit. On baise. Il jouit dans ma bouche alors que j’essayais de retirer ma bouche. Il l’a tenue. Il a fait semblant d’avoir fait une erreur. "De pas avoir fait exprès". Voilà. Ce jour-là, Oliv est devenu un mec comme les autres.
Je viens de le bloquer sur Instagram. Va falloir être plus créatif. Il pleut ouf.

3 tomates, 2 gousses d’ail, 2 échalottes, 1 boîte de thon, huile, vinaigre, poivre, herbes de Provence.
Bon ap. Il pleut pu. Les tomates, c’est un peu le soleil.