Féministe.

Un processus de maturation

Ok si je sors pas ma balader c’est peut-être pas grave. Mais je fais des courses. Mais faut que je me ballade 30 minutes obligatoires. Rester chez moi c’est reposant mais c’est pas bon. Le psy a dit "vous sortez, vous attendez pas l’arrivée de la sécu. Vous avez le droit de sortir". Eh merde. mdr j’rigole.

Quoi de plus vrai qu’une punk de 15 ans dans les 2010 hein ?

11 ans,15 ans, 20, 23. Les phases dépressives s’enchaînent. Et je fais mon chemin.
Un soir en boîte y’a une meuf qui a dit "ça fait trois ans que j’suis célibataire", je l’ai regardé admirative. Elle avait pas forcément compris ça : "on le vit très bien", god I know you live ça très bien. Cette année je reste célibataire. On regardait une famille en or à la télé, y’avait Kev Adams et d’autres. "Une résolution du 1er janvier qu’on ne tient jamais" : y’avait pas "rester célibataire". J’suis pas sure que ce soit parce que les gens tiennent pas la résolution. Ils en ont ptet rien à foutre. Ô rage, ô dépendance affective.

Bon ! Ok j’accepte de me dire qu’aujourd’hui sérieux c’est la glande et qu’entre ces lignes figureront ma propre masturbation intellectuelle et autre conneries. Ca faisait quelques jours que je m’appliquais à trouver une morale ou un sens ou un effort quoi dans ce que j’écris, pour pas trop culpabiliser de passer mon temps ici. En écrivant que je devais changer mon hygiène de vie et changer mes fréquentations. Ca me donnait vraiment l’impression d’avancer.

Aujourd’hui, non, je vais pas écrire pour avancer. Je vais écrire parce que je kiffe ça, et de toute façon y’a que ça qui me fait plaisir. Mais peut-être que je devrais moins écrire. Parce que ça prend trop de place dans mon quotidien. Remarque j’en ai noirci aussi des carnets.

Mais du coup c’est pas ouf niveau hygiène de vie. En tout cas je suis en détox d’O et K qui reviennent à coups de "ca va ?" et de "mais du coup t’es chez quel opérateur ?". J’veux pas couper les ponts d’un coup, comme ça. J’sais pas trop pourquoi. Y’en a un qui a mon jean IKKS et un autre qui ... Ca fait 3 min que je cherche et je commence même à me dire que j’irai bosser en bibliothèque samedi. Donc, qu’est-ce qu’il m’apporte ? Ben rien. Bon emballé c’est pesé. Me manque qu’un jean.

Alors quand je relis les différents textes c’est absolument n’importe quoi. "je vais tenir - je déménage à Montrouge", 2 jours après : ok je pars c’est fini je pars à Lille. Ensuite, bon je vais ptet être prof dans ma ville d’origine. Et y’a un an le projet c’était resto et sac à dos. J’suis toujours à prévoir. Et au final c’est quand même pas bien dans les yeux de certains. Bah oui 4000 balles la déprime ça coûte cher. Donc j’arrête les frais et je mets le peu d’énergie que j’ai dans un déménagement, pour postuler dans un métier que je connais pas et dans la ville où vit le mec que j’essaie de quitter depuis un an ? Ou je m’accroche ici. Et tant pis pour le retard des cours. Et du taf. Il me faut une détox de ce gars-là, c’est vital. Tant pis pour le jean. J’pourrai m’en acheter 10 avec toutes la thune que j’économiserai à plus aller le voir. Parce que là c’est le début du mois, il s’est acheté des fringues, de la bouffe pour les chats, un téléphone, il paye ses bières. Mais à la fin, ahahahah. "j’ai pu rien à manger blablabla". Putain de merde comment j’ai pu me faire niker aussi longtemps. Il a été malin, il m’a humiliée devant les autres alors que j’étais déjà partie. Alors qu’il avait pu besoin de moi. Il a besoin de moi une fois de temps en temps. Pour baiser. J’ai passé un week-end avec lui, pour "récupérer mes affaires" (x3). "Grosse conne" subrepticement. Le genre de murmures tellement faibles que si je disais que j’avais entendu il nierait. Je rêve de le voir avec une meuf, et de dire à cette meuf de m’appeler le jour où elle aura besoin de réponses, et que c’est pas elle qui est folle. Mais je pense que c’est pas sain. ^^ Elle comprendra pas, parce qu’il sera encore le prince charmant à ce moment là.

Ma carrière ne sera ptet pas ma fierté, mais c’est pas grave. Ca protège pas. Mais j’sais pas pourquoi, j’arrive pas à lâcher mon orgueil. A rentrer, à postuler comme hôtesse d’accueil. J’te parie que j’apaiserai les gens. C’est mon truc ça. "P’tain, d’habitude je parle jamais aux filles, je traîne qu’avec des mecs, et toi, j’t’ai raconté toute ma vie". Je sais, c’est parce que t’as vu que quelqu’un avait de l’attention et de l’empathie à donner, t’as bien fait, mais fais pas ça avec tout le monde malheureusement ; Surtout pas les mecs qui se disent féministes. Mdr. féministe.... "oui j’ai monté une entreprise et on a mis dans le truc général que la direction devait être exercée par plus de femmes que d’hommes blabla inclusion blabla". Connard, t’en avais rien à foutre de l’inclusion quand t’es venu chez moi boire un verre, parce que tous les autres bars étaient fermés, que je t’ai dit par message que je voulais pas qu’on baise, qu’on a bu deux bouteilles de vin en chantant des chansons françaises et italiennes, et qu’on est parti se coucher parce qu’il y a pas de métro, et que tu t’es collé à moi. "Je peux ?" j’sais pas c’est bizarre tu me dégoûtes. "Oui, teste avec des caresses d’abord". Et il se colle, et me met sur le dos et monte sur moi et en a rien à foutre du féminisme. "Arrête arrête arrête" putain mais casse toi surtout bordel ! Oui, c’est de ma faute. Non on ne fait pas venir un mec chez soi même si on lui a dit par message qu’il ne se passerai rien, non, on ne dit pas "oui essaie" si on pense "putain tu me dégoûtes connard". Je sais, c’est de ma faute. C’est bon ? Tout tout tout est de ma faute. J’ai pas voulu écouter mon intuition y’a 3 ans "non ce métier ne te rendra pas heureuse", "non ce mec ne te rendra pas heureuse", "non ne lui permet pas de venir chez toi", "non ne le laisse pas venir sur toi".
C’est ce genre de pensée qui me donne envie de prendre un putain de sac à dos. Alors, y’a toute une capitale devant moi et je reste au lit. Mais pour être tout-à-fait honnête, c’est pas l’haussmannien qui me branche le plus (pauvrepetitefilleriche). J’préfère les briques blanches du Lot. Et si j’aime pas les briques rouges du Nord j’aime le sourire des nordistes. Ma soeur m’en veut parce que je ne suis toujours pas allée voir son fils. Il a deux mois. Si je veux qu’on ait un lien privilégié pour toujours, toujours, c’est maintenant que je dois y aller. On aura un lien social. Pas un lien qui aura été chimique pendant les deux premiers mois de sa vie. Ca me donne envie de pleurer. Ca faisait longtemps. C’est pas drôle la dépression. T’es une feignasse ouais mais tu fais pas exprès. Passer à côté de ta vie, ça fait vraiment mal. Faut que je sorte en tout cas.

Il est déjà 16 heures.

J’ai pas envie de sortir. Je suis vraiment désolée de passer ma vie à me plaindre. Faut pas lire tout ça. A moins que ça aide à se sentir mieux, ou moins seul.e.

J’ai eu Très bien au bac. Assez bien en licence. Bien en master.

Ca me console t’es pas prêt. La licence c’était tendu la dernière année. Grosse dépression par contre, j’ai pas consulté "au début" et oua, hard core. Pour ça faut que je me préserve. Je me mets toujours avec le même type de personnes. J’suis sure que si je reste solo je vais décoller. Par contre, j’ai assuré le bac et le master : y’avait rien qui avait de lien avec le métier que j’apprends à faire. Et cette année, j’aurai ptet rien du tout, je crois qu’il faut définitivement que je change de voie. J’me tate à trouver un taf à Paris ? Ptet que le problème c’est pas juste Paris, c’est mon taf et les cours ? Je ne veux pas être journaliste. ???? ? C’est dingue que je ne sache pas répondre à cette question. La question de 10 ans. L’orgueil. C’est bien, y’a de la détermination là-dedans, c’est important. Anne Hathaway a douillé dans le Diable s’habille en Prada. Mais Prada quoi !

Il est que 16h09, j’avais peur que ce soit passé plus vite que ça.

J’ai voulu devenir journaliste parce que je trouvais que c’était le meilleur moyen d’agir. De pas faire de politique de comptoir mais vraiment agir. Produire de l’info que les gens sachent ce qui se passe, sur les solutions qui existent pour que ça change, montrer par les chiffres que le capitalisme c’est de la merde et qu’on a assez de richesse pour tout le monde si on continue pas de les cramer à tout vas. Qui suffit de la partager un tout petit peu. J’suis prête à laisser dire qu’on a besoin de riches pour investir mais putain à quel moment ça implique que des gens crèvent de soif ? On est dans l’absurde. Désinstaller un pont pour laisser passer un yacht, c’est de l’absurde.
Puis je suis allée dans une formation journalistique à 18 ans, persuadée que tout le monde pensait comme moi. Et j’ai découvert que "journaliste" et "être de droite" existait. Et là, y’a eu un déni. Peu de temps après en psycho-sociale mon prof espagnol beau comme un cœur (pléonasme) nous faisait un cours sur la dissonance cognitive. J’ai compris ce qu’il voulait dire.

Pendant trois ans j’ai joué à la journaliste. J’étais étudiante en licence, parcours journalisme. J’ai pas fait de stage. J’étais bien dans la radio associative de ma ville natale. A couvrir l’open d’échec et les concerts pour "faire un beau dossier" et être prise dans cette "belle école". "Vous étiez 1000 postulants on en a pris 150." Ton égo gonfle. Et puis au fur et à mesure des questions d’actu tu te dis que t’es une merde parce que tu t’en fous un peu du prix Goncourt. Toi ce que t’aimes, c’est La civilisation des mœurs de Norbert Elias, qui t’explique qu’avant y’avait des chevaliers qui crachaient par terre mais le roi a dit qu’en fait la France c’est lui alors lâche ton épée et invente des manières pour te distinguer des bourgeois. C’est pour ça qu’on crache pu par terre hein. Et tu te demandes quand est-ce qu’on lira ce que Bourdieu a écrit sur le journalisme ? Et d’ailleurs, toi-même tu l’as pas lu non plus, parce que tu fumes un joint avec Nao pendant que ton pote Bulgare t’expliques que la socio c’est bien, mais lui il veut être cuisto. C’est décidé je me casse. Je vais pas être journaliste. Pas comme ça. Pas à Paris. "Parfois, il faut prendre du recul, de la maturité. J’ai passé le concours à 20 ans. Je ne l’ai pas eu. Je suis devenue traductrice. 10 ou 20 ans après, je suis revenue. J’ai commencé une nouvelle carrière. Je suis devenue journaliste à tel endroit." C’est une intervenante qui m’a dit ça quand j’étais en troisième année, en pleine dépression en période de concours. Je réalisais à peine que j’avais été manipulée par un pervers narcissique de 40 ballais entre mes 15 et 19 ans. Alors, oui, j’explique beaucoup de mes problèmes par cette histoire, mais un truc comme ça, c’est fondamental (King Kong Théorie). (my mental space is back godess j’en avais besoin en fait de ces jours d’arrêt). Heureusement que j’ai quelques phrases-ressources en moi qui me permettent de tenir bon.

Je préfère maintenant me dire que je ne veux pas être journaliste parce que la manière de pratiquer ce métier ne me correspond pas du tout plutôt que de me dire que deux gros connards ont gâché mon énergie. Je crois que ce que j’ai appris sur les gens est important dans une vie. Alors oui, c’est évitable. Mais il a fallut que j’apprenne à maîtriser ce trop plein d’empathie. N’empêche que j’ai appris une nouvelle langue mdr. Enfin, quelques mots. Même une chanson dans une nouvelle langue. Non, je crois que ces mauvaises rencontres ont une richesse en elle. Et que je me suis tournée vers ce qui attisait le plus ma curiosité.
C’est ça aussi qui m’a poussée vers le journalisme. Le meilleur moyen pour apprendre des nouvelles choses toute ma vie. MAIS, j’avais pas compris qu’on répondait à l’ACTU. C’est bizarre hein mais j’ai mis du temps à comprendre qu’on choisissait un sujet par rapport à l’actu, et pas au bon vouloir des journalistes. Mais, ce que je ne comprends pas, c’est que, c’est le journaliste qui fait l’actu ^^ Alors oui faut traiter en priorité l’actu, c’est vrai. Bon.
Ensuite, y’avait le fantasme absolu : le voyaaaage. Ahah. Mon dernier truc c’était de devenir "correspondante de presse à l’étranger". Mais, ça tombe à l’eau parce que je ne travaille clairement pas assez vite. J’ai besoin de temps. Et correspondante de presse… Pas maintenant. Ma vie est trop destructurée il faut que je sois beaucoup plus rigoureuse avant de faire ça. Plus mature.
Alors ouais, prof d’anglais contractuelle ET JUST A YELLOW LEMON TREE j’suis cho. Ou hôtesse d’accueil. Ou recruteuse de donateurs. Ou distributrice de flyers.

Il est 16h36, ça va.

Bon en attendant c’est toujours la thune de mes parents ! Ca m’apaise d’écrire et faire le point et de doucement avancer vers une décision. Mais bon culpabilité quand tu nous tiens. Y’a des gens qui s’en tapent. Y’en a d’autres qui en ont pas.