Ca va
Je suis rentrée dans ma ville natale depuis 6 mois. Ca y est.
Je m’apaise.
O vit à la maison. Ca se passe bien. On a nos hauts et nos bas mais ils sont beaucoup moins violents.
Il y a deux semaines, j’ai pris de la C dans des bars, mais pas comme d’hab : j’étais grillée. Le lendemain, mon père m’a appelée et a eu peur. Il m’a dit qu’il connaissait des gens etc. Il m’a posé des questions sur O. Etc.
Il était temps.
Après le bar, j’ai tout balancé à ma cousine, en me disputant avec O, chez Kha.
J’en pouvais plus.
J’en avais marre de me cacher, qu’on fasse semblant. Et je me suis sentie prête. Prête à demander de l’aide à mes proches. Quelques jours avant j’ai dit à ma soeur que je me droguais et j’ai appelé ma mère et mon beau-père, en parlant de tout et de rien, mais droguée. Donc je parlais plus vite, j’étais plus enjouée, j’étais sûrement "pas comme d’hab". J’ai appelé à l’aide, et mon père m’a sauvée. Il m’a parlée, m’a dit qu’il ne fallait pas prendre de c0 - et encore moins les pilules. J’ai dit que ce n’était pas souvent. C’est faux, mais je ne veux pas inquiéter outre-mesure, parce qu’il m’ont aidée. Il m’a dit qu’il avait trois types de copains, parmi ceux qui en ont pris : ceux qui ont arrêté assez tôt, ceux qui ne sortent plus de chez eux de peur de craquer, et ceux qui sont morts. Il m’a aussi dit qu’il ne voulait pas que je vive comme lui, "dans l’eau". Je déteste cette expression. O un jour m’a dit que je vivais dans l’eau, il y a un an. Ca m’a touchée. Ca m’a énormément vexée. J’ai réfléchi, je me suis dit que je vivais dans l’air et que j’avais du mal à atterrir. Mais je me sens lucide. Et le lendemain, il m’a appelée, il m’a dit : : "tu tiens ? Ca va ?" et j’ai autant eu honte qu’il s’inquiète pour moi, qu’il me demande si je vais bien sans avoir conscience d’où j’en suis par rapport à ca, espérant que je n’y suis pas au point de me demander si "je tiens", qu’en me le disant quand même au cas où, sachant que ce sera plus bénéfique d’être présent sans jugement pour que j’arrête. Et ça, c’est mon père. J’admire mes parents. Ma mère m’a tenue des années tous les jours, m’ont père me tient au moment où ma vie risque de chavirer si je poursuis où j’allais.
J’avais le sentiment d’être à la croisée de deux chemins : soit je continue de me droguer et ma vie sera profondément underground, dangereuse, douloureuse et courte, soit j’arrête de me droguer et je me laisse la chance de découvrir un autre chemin. Je ne sais pas du tout où il me mènera, mais je préfère celui-là.
K, je pense à toi, tous les jours.