Féministe.

Laurence Anyways

La BO du film

"Je recherche une personne qui comprenne ma langue,
Et qui la parle même,
Une personne qui, sans être un paria,
Ne s’interroge pas seulement sur les droits et l’utilité des marginaux,
Mais sur les droits, et l’utilité de ceux qui se targuent d’être normaux."

Je ne suis pas allée travailler cette après-midi. Je suis malade depuis quelques jours et ça commence à être irritant de forcer sur ma voix au téléphone.
Je suis toujours conseillère clientèle mais je préférais mon job à Paris. C’est la seule chose qui allait, jusqu’à l’histoire avec les supps en carton. Ca me manque d’avoir au téléphone des personnes à l’autre bout du monde qui nous sollicitaient pour qu’on organise leur arrivée à l’hôpital, le paiement de leurs frais médicaux. Ca me manque d’appeler les correspondants pour leur demander s’ils ont une ambulance à 4h du matin au Japon pour aller à l’aéroport et d’annuler celle que j’ai mis 30 minutes à trouver parce que l’avion atterrit en retard, d’appeler en allemand ou en anglais et de courir vers mes collègues anglophones ou lusophones parce que le personnel médical où se trouve l'abonné ne parle pas français.
Mais ce que j’aime dans ma nouvelle vie c’est de quitter à 13h le samedi, de rejoindre mon père au resto, récupérer mes draps chez ma mère et offrir des cadeaux à mon filleul et ma meilleure amie après être allée à la bijouterie à 17h. Et j’aime mon appartement.

On ne peut pas tout avoir.

Mais ma vie perd son sens. Il n’y a rien qui me stimule plus que ça. Et c’est frustrant.

Je vais à l’anniversaire de mon ancien collègue ce week-end. Ca va me faire du bien de retrouver mon Paris underground.

On part toujours pour mieux revenir.

Sauf vers nos exs, dans le meilleur des mondes.